30 novembre 2011
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De mon temps... De mon temps on s'y mettait à trois ou quatre pour hisser la grosse télé "écran rond coins défoncés" sur une caisse en bois, on plantait une fourchette dans la prise antenne, et on prévoyait un manche à balai pour changer les chaînes sans avoir à se lever du canapé où on était vautré(e)s. Tout ça fonctionnait à merveille, sans "bug" et sans coupure, gratuitement, sans abonnement, sans contrat, sans complication. Et comme on avait trois chaînes il y avait de grandes chances d'avoir vu quelque chose de commun avec ses voisins, et de pouvoir en discuter le lendemain.
C'était Mamie Nicole, à vous les studios.
(Texte initialement publié en commentaire sur le site de Télérama, N.D.L.A.)
29 novembre 2011
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Ça va être les bons, ceux-là, elle le sait et ne peut s’empêcher de les regarder à travers le rideau de la salle de bains. Il y en a eu des visites, déjà, pourtant, des couples, des ribambelles d’enfants, accompagnant le monsieur de l’agence. « Vous verrez c’est un quartier très tranquille ». Et pourtant combien de temps que cette maison est vide ? Trois mois ? Quatre ? Six ? Elle ne se souvient plus. Les derniers voisins sont partis, avec eux les derniers bruits, avec eux le chat. Mais le chat est revenu.
Elle elle s’était dit que ça lui irait bien cette grande bâtisse, ce grand jardin. A peine deux fois plus cher que chez elle – à peine deux fois plus cher et au moins dix fois plus grand. Mais elle ne peut pas. Il lui aurait fallu quelqu’un, avec elle ; quelqu’un ou quelqu’une. Qui supporte à long terme. Qui supporte les horaires, qui supporte les humeurs, qui supporte ce chagrin qui déborde, qui supporte les névroses et l’hystérie, la collection de bottes et de sacs à mains, la chienne sur le canapé, qui supporte les mots et le silence. Qui supporte ce passé, collant comme la glaise d’ici. Qui supporte ce corps imbécile. Qui supporte les rires et cet amour qui dégouline.
Ils ont signé, elle croit.
Elle va les regarder emménager.
Spectatrice.
Publié par Nicole Garreau
27 novembre 2011
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15:50
« Tu aperçois cette clairière, là-bas ? Eh bien cette clairière c’est la connaissance – la forêt autour ce que tu ne connais pas. A chaque arbre que tu vas abattre tu vas agrandir ton savoir mais ce faisant tu vas également agrandir le périmètre de la clairière et du même coup la quantité de ce que tu ne connais pas. »
Elle aurait voulu faire la bravache et enchérir quelque chose, mais elle s’est contentée de le regarder en coin. A ce moment-là elle l’aurait bien embrassé si elle n’avait eu conscience qu’entre presque inconnus ces choses-là ne se font pas.
Note pour plus tard : penser à prendre garde à la réversibilité des choses et ne pas transformer ça en apologie de l'ignorance.
Publié par Nicole Garreau
25 novembre 2011
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Publié par Nicole Garreau
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dans
Le monde selon Mamie Nicole
15 novembre 2011
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19:15
— Quel fouillis, la vie !
Publié par Nicole Garreau
15 novembre 2011
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Elle voudrait ça pour ses vieux jours, oui, juste ça. Boucler la boucle, retrouver cette lumière rasante qu’elle a laissée il y a… il y a longtemps, cette lumière qui caressait les pages de ses livres, du temps où tout était encore dans le champ des possibles. S’asseoir face à la fenêtre et raconter sans haine, tout ça, les flèches plantées dans le cœur – raconter sans pleurer dans une paix enfin trouvée. Parler de la folie, un peu, parler des cavalcades passées, et puis là, surtout, surtout parler de celles et ceux qu’elle a aimés, si mal, si fort. Parler des mots qui lui ont si souvent sauvé la vie, régler sa dette envers eux.
Les coucher sur le papier.
Et à l'heure de s'endormir sentir une dernière fois ta main sur son cou.
Publié par Nicole Garreau
10 novembre 2011
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13:06
C’est le matin, vers onze heures : le soleil entre et va se poser sur le lit en dessinant la fenêtre sur la couette.
C’est le matin, imperceptiblement la chienne glisse vers cette tache de lumière.
On voit que ce n’est pas elle qui fait les carreaux.
Publié par Nicole Garreau
10 novembre 2011
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12:37
A Roger W.
« Mais non. Je ne suis pas d’accord. Enfin si, enfin non, enfin partiellement. C’est vrai que ça change la donne, ce gris, ce camaïeu, cette absence de contraste. Ça oblige à se reposer sur d’autres choses, sur la nuance ou l’indicible – l’infime variation, le halo qui change tout, la pensée qui se diffuse tandis que la lumière se diffracte. Des images moins percutantes, peut-être, mais un temps pour la réflexion, un pour la contemplation. Je suis une contemplative, « quelque part ». Je n’y peux rien.
Peut-être, peut-être, PEUT-ETRE ne faut-il pas, ou peut-être ne faudrait-il pas, partir en balade avec pour objectif (hi hi hi !) d’en ramener des images – l’image coûte que coûte, le quota d’images à tout prix. Prendre les choses comme elles viennent et subséquemment accepter qu’elles ne viennent pas, puisque tout cela relève en fait du même processus. Le vide est aussi important que le plein, (« l’art consiste à laisser du blanc » disait un mien vieux professeur, il y a longtemps). Laisser du blanc c’est aussi ne pas produire, et cette non-production est aussi profitable à la production que la production l’est elle-même. »
Publié par Nicole Garreau
8 novembre 2011
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17:56
Elle se souvient qu’ils avaient ri, tous, lorsqu’il y a quelques années elle leur avait dit qu’il y aurait bientôt une taxe sur les balades dans la campagne, une taxe, une loi, ou une interdiction, que les laboratoires pharmaceutiques crieraient à la concurrence déloyale ou plutôt que non, démontreraient par A+B que c’était nocif, tout ce vert, toute cette herbe, tout cet air qui nous privaient de notre Tranxène™ quotidien, et que nous les croirions – nous avons cru et croyons tellement d’autres choses.
Heureusement ils n’en eurent pas le temps : un jour les balades s’arrêtèrent d’elles-mêmes, la campagne avait disparu.
Publié par Nicole Garreau
4 novembre 2011
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17:05
Madame la directrice de la piscine,
Ma fille s’est noyée dans votre établissement malgré la grosse bouée rouge que vous lui confiâtes. En conséquence, je vous prie de ne plus débiter de mon compte bancaire le prix de son abonnement.
Maman Araignée.