Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 22:45


Elle a les bras qui lui en tombent à chaque fois qu'elle passe là-bas. Parce qu'elle aimerait que ce soit du second degré, mais elle subodore que ce n'est pas le cas : le ceusse qui a posé l'écriteau est fatalement une saleté de petit-bourgeois illettré. Un infatué qui ne comprend pas ce qu'il écrit lui-même. Donc qui ne comprend pas ce qu'il pense. Un type fier de posséder quelque chose — un bout de pré qui par définition n'appartenait à personne et qu'il a subséquemment volé à la Terre entière.

Elle passera sur l'introduction. « Propriété privée ». C'est d'un classique à chialer. Le pléonasme nauséabond et affreux. Comme si « propriété » ne suffisait pas, non. Il faut en remettre une couche. « Propriété » tout seul ça ne renifle pas encore assez la bêtise crasse, il lui faut l'arrogance de l'inutile épithète. Et puis « propriété privée », à l'oreille c'est chouette. Dans cet abracadabrant assemblage de mots on entend tout de suite les miradors, les barbelés, les chiens-loups, le vert-de-gris. Ça sonne presque aussi bien que « Verboten » ou « Achtung Minen ». « Propriété privée » ça fait immédiatement le distinguo entre les gens bien et les gens pas bien. « Propriété privée », sémantiquement ça en jette. Et puis ça annonce que la suite de l'écriteau va être de haute volée.

Or en effet, on n'est pas déçu(e). La suite du panneau c'est l'ukase surréaliste : « Défense de déposer des objets illicites ». Si si. Et alors là, elle ça la plonge dans des abîmes de perplexité. « Défense de déposer des objets illicites »... Tadaaaaaaa ! Frotte-toi les yeux et relis lentement, Nicole. Ça veut dire quoi ? Rien. Rien du tout. Le type, après la puérile morgue de son « Propriété privée », s'est fendu d'une phrase qui n'a aucun sens. Si l'objet est illicite il est inutile de dire qu'il est interdit de le déposer, puisqu'il était aussi interdit de l'avoir. En même temps s'il est interdit de l'avoir il faut bien le déposer quelque part. Donc si on l'a il est censé être licite. Et s'il est licite on peut le déposer là, puisque ce n'est pas interdit. Donc on peut déposer là tout ce que l'on a eu un jour le droit d'avoir. À moins que ce soit de la mécanique quantique. L'objet licite devient illicite quand on l'observe. Enfin quand le capitaliste autoproclamé maître des lieux l'observe.

À moins que... À moins que rien.

Elle imagine très bien le 4x4 stationné quelques mètres plus loin et puis le ceusse, venant de planter son avertissement, le maillet encore à la main, se tapotant fièrement la bedaine en contemplant son œuvre. « J'ai deux de Q.I. et je suis chez moi ».

Et ce sont des types comme ça qui dictent la marche du monde.

 

--------------------


Dazibao initialement publié ici.

Partager cet article
1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 15:23

 

Elle ne pense pas tous les jours à Lamartine, hein, n'allez pas croire — elle n'y pense pas parce qu'elle n'a pas de sympathie particulière pour le ceusse, elle n'y pense pas parce que hormis pour le lectorat elle n'a de sympathie particulière pour quiconque, elle n'y pense pas tout simplement parce que la plupart du temps elle ne pense pas ; elle passe bien trop de temps à ne rien faire pour avoir le temps de faire quelque chose. Mais allez savoir pourquoi elle se remémore ce matin l'échange entre le type du fauteuil Sept et ce social-traître patenté de Bastiat : « Votre doctrine n’est que la moitié de mon programme ; vous en êtes resté à la Liberté, j’en suis à la Fraternité », asséna le premier ; « La seconde moitié de votre programme détruira la première », réagit le second.

 

Ah, Alphonse ! (Vous permettez qu'elle vous appelle Alphonse ?) Que n'enchérîtes-vous en rétorquant à l'autre salopard de capitaliste attitré que la première eût également anéanti la seconde ? Que celle du milieu, « l'égalité » que pour une obscure raison vous omîtes, eût produit exactement le même effet sur les deux précitées ? Que ces deux eurent à leur tour ratiboisé cette absente, si absente elle n'avait point été ? Que la devise républicaine est une musette contenant tout et son contraire, le glaive et le bouclier, la règle et le tampon, la dote et l'antidote ? Qu'elle est un slogan publicitaire, un truisme choisi pour son seul effet masturbatoire et sa facilité de scansion, ne correspondant à aucune logique et ne résistant à aucune analyse ?

 

Non, Alphonse. Elle n'ira pas jusqu'à corroborer les propos de Flaubert à votre égard — d'autant qu'elle ne croit évidemment pas que la vigueur intellectuelle se tienne là où ce butor la situe, bien au contraire ; depuis votre siècle l'Histoire a continué à nous le démontrer. Vous fûtes selon elle seulement une sorte de Hollandiste avant l'heure, et avez tant aidé vos fossoyeurs que l'on se demande si vous n'en étiez pas uniquement « l'idiot utile ».

 

Merci tout de même pour « Le Lac » et deux ou trois autres trucs plutôt bien écrits. Et pour avoir incité, ce Quinze fructidor 226, une vieillarde à interrompre un instant le râle de son agonie, cent quarante-neuf ans après le vôtre, pour rédiger ce fort immodeste dazibao.

 

Bisous.

 

---------------------

 

Billet initialement publié ici.

Partager cet article
2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 14:28

 

Quand on veut vendre ce qui ne nous appartient pas on dit que les fonctionnaires sont des feignant(e)s ;

quand on veut fourguer des assurances on dit que la Sécu a un trou ;

quand on veut chouraver le pétrole aux Arabes on dit qu'ils ont des armes de destruction massive ;

quand on veut faire piquer son chien on dit qu'il a la rage ;

quand on ne sait plus quoi dire on dit que ce sont les Romanichels ;

 

QUAND ON NE VEUT PAS QUE SES ENFANTS POURRISSENT TROP VITE ON ACHÈTE UN CONGÉLATEUR.http://i73.servimg.com/u/f73/12/68/13/71/mais_u10.jpg

Partager cet article
9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 15:51

 

Où Yasmina prit soudainement conscience qu’étant femme, communiste, lesbienne, pauvre et transgenre, sa vie n’allait peut-être pas être si facile.

 

 

.

http://i71.servimg.com/u/f71/12/68/13/71/ca_aur10.png

Partager cet article
7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 12:14

 

« Tu vois en fait, ceux du premier monde ne disent rien parce qu’ils ne connaissent même pas les deux autres, ceux du deuxième ne disent rien parce qu’ils ont peur d’être rétrogradés dans le troisième, et ceux du troisième ne disent rien parce que de toute manière personne ne les écoute.

— Et toi, Tantine, tu fais partie desquels ?

— Euh... Nous, les prolétaires, nous sommes dans le deuxième monde et demi.

— Je croyais qu’il n’y avait que trois possibilités ?

— Bon, maintenant ça suffit ou je t'interdis aussi de piquer dans la poubelle. »

Partager cet article
11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 16:58

 

[...] « Oui Albertine, comme tu le dis si bien un peu plus haut, « Nous travaillons AUSSI ». Alors au nom de quelle supercherie, puisque nous travaillons tout(te)s et sommes donc tou(te)s des rouages « utiles » de cette Société, ne bénéficierions-nous pas des mêmes salaires ? Au nom de quel arbitraire si ce n’est celui de satisfaire une ou des classe(s) sociale(s) en le confortant dans la masturbatoire illusion qu’elle(s) « vaut » (« valent ») plus que telle ou telle autre ? Au nom de quel tour de passe-passe « intellectuel » décrète-t-on que le c*****d de la couverture de Libé a plus le droit de vivre qu’une enseignante, qui elle-même l’a plus qu’une pompiste, qui elle-même l’a plus que la caissière de chez Leclerc ? Qui décrète cette hiérarchisation des individus et pourquoi ? Je ne vais pas faire de parallèle douteux mais ce classement de l’humanité en « méritants » et « non méritants » me donne une sacrée envie de donner raison à la Loi de Godwin.

Aaaaaaaaah, bien sûr, il y a l’argument récurrent, l’argument marronnier, l’argument passe-partout que d’aucun(e)s ressortent de leur lampe d’Aladin, l’argument fallacieux de la suffisance méritocratique : « j’ai fait des études », « j’ai des responsabilités », « je n’ai pas fait tout ça pour me retrouver à crever la dalle ». Mais justement ! Quand on a eu la chance de pouvoir faire des études — et que l’on a donc plus de chance de pouvoir exercer un travail gratifiant ou du moins dans lequel l’épanouissement est plus facile à trouver — de quel droit y serait-on EN PLUS mieux rémunéré(e) ? Double-peine d’un côté (ignorance + travail ingrat et sous-payé), double-privilège de l’autre (culture + travail valorisant normalement rémunéré) ? C’est socialiste, ça ? Et l’ouvrier, sa vie il l’a vécue dans l’espoir de la crever, lui, la dalle ?

Si on veut maintenir cet arbitraire monstrueux des inégalités salariales, le mépris qu’elles entretiennent et les joies du heurt des classes sociales les unes contre les autres (ce qui semble effectivement être un des principes-moteurs de ce monde de c**s), alors pourquoi ce ne sont pas les ouvriers les mieux payés ? Ceux qui n’ont pas eu le bonheur de faire des études, ceux que l’on colle dans des uniformes, que l’on fait travailler la nuit, qui soulèvent quotidiennement des tonnes de marchandises à bout de bras, à qui on bousille les mains, les yeux, le dos, le sommeil, la vie ? Qui, lorsqu’ils parviennent à soixante ans sont usés PHYSIQUEMENT USÉS jusqu’à la moelle et n’ont au mieux plus guère que cinq ou dix ans d’espérance de vie ? Dans une méritocratie qui essaierait d’être au moins un peu cohérente ce seraient eux qui, pour compenser ces vies délibérément fichues en l’air, seraient les mieux payés.

Quoi ? « La responsabilité » ? Parce qu’un type qui construit et installe à la chaine les freins de ta bagnole a moins de responsabilités que celle qui corrige des devoirs d’élèves ? Parce qu’une nana qui tient seule une station-service, la nuit, est moins responsable ou impliquée dans la marche du monde que le type qui aboie dans un bureau ?

Foutaises, maintien arbitraire des inégalités, distributions de « bons » et de « mauvais » points aux « bons » et aux « mauvais » citoyens (avec l’illusion entretenue d’être soi, bien sûr, du côté des « bons »), la voilà la méritocratie imbécile et assassine.

Donc lorsque je serai dictateuse de la République TOUT LE MONDE aura les mêmes émoluments, du balayeur à l’enseignant(e), du maçon à la dictateuse elle-même. Et pour finir en citant (de mémoire) Finkielkraut, qui n’est pas réputé pour être un dangereux bolchevique, « la question n’est pas d’être des égaux, la question est de vivre en égaux ».

Dont acte. »

 

 


 

N.D.L.A. Cette petite diatribe de votre serviteuse est extraite d'une « conversation Facebook » à laquelle elle participa. Le prénom de l'interlocutrice a bien sûr été changé, tout le monde sait que de nos jours les Albertine ont disparu...

Partager cet article
25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 15:47

 

Aujourd'hui 25 novembre est un grand jour.

 

C'est, simultanément, la journée internationale de lutte contre les violences faite aux femmes et la journée mondiale du jeu vidéo.

 

Les choses sont hélas mal organisées puisqu'il s'en est fallu de quelques jours pour que ça coïncide également avec la dépénalisation des violences domestiques, mettant ainsi fin à un privilège éhonté dont usaient et abusaient nos sœurs kansanes dans le seul but de nuire à leurs maris.

Partager cet article

Contacter L'auteuse

La Blogueuse

  • Nicole Garreau
  • Fille éperdue.
  • Fille éperdue.

Recherche