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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 00:11


Vous je l'ignore, mais moi il y a comme ça des terminologies quotidiennes qui me laissent sur le chemin de l'hébêtude. Mais siiiiiiiiiiiiii, vous savez bien, ces petits mots de rien du tout que nous utilisons sans y penser pour la seule raison qu'en y pensant nous n'oserions plus les emprunter.

Quand j'étais petite, il y a donc très très très longtemps, mon traumatisme était le triptyque "pomme de terre" -- j'aurai sûrement l'occasion d'y revenir en ces pages, je ne vous apprendrai pas que certaines blessures ne se referment que très difficilement. Disons pour schématiser que je ne voyais (et ne vois toujours !) ni quels mécanismes intellectuels il fallut mettre en oeuvre ni par quels tortueux raisonnements nous en étions arrivés après quelques millénaires d'humanité à nommer la pomme de terre pomme de terre, et encore moins ce qui avait motivé ce choix par rapport à des termes tout aussi farfelus qu'eurent par exemple pu l'être banane de terre, fraise des bois de terre ou n'importe quoi d'autre de terre, puisque la partie terre du vocable, elle, n'aurait visiblement su être sujette à caution. Enfin bref.

L'altercation qui m'opposa aujourd'hui au sens des choses survint au coin de la rue alors que je tombis tombas tombai nez à nez avec une espèce d'armoire électrique géante comme on en peut en voir ici ou là dans les quartiers où l'on décide que les gens n'ont pas suffisamment de sous pour qu'on leur greffe un paysage. Sur la porte de l'armoire un panonceau nous promettait un imminent "danger de mort".

Rebelote, comme avec la pomme de terre, ou presque. Pourquoi danger de mort ? Qu'est-ce que cela signifie, au juste ? N'est-ce pas ma vie qui est en danger, et non ma mort ? Après tout, si la mort est en danger, n'est-ce pas une bonne nouvelle pour la vie ?

"Danger de mort", me corrigeront les chafouins, "pas danger de la mort". Le premier est une menace pour l'ennemie jurée de la mort, à savoir la vie, tandis que le second inquiète la mort elle-même, qui se trouve en danger, qu'il faut sauver ! Mais sauver de quoi ? D'elle-même ? De la vie ? Honnêtement, vous me voyez sur mes petits talons aller au coin de la rue sauver la mort de la vie ? Et enfin, ce la n'est-il pas accorder beaucoup d'importance... à l'article de la mort ?

Voici qu'à peine guérie de la pomme de terre je me sens à nouveau aux portes des abîmes.



P.-S. Pour "danger de mort" les Allemands disent "Lebensgefahr", que nous pouvons littéralement traduire par "danger de vie". Ils ont donc vraisemblablement l'interrogation inverse -- en conséquence de quoi je pense qu'il ne nous serait pas inutile de surveiller à nouveau l'Alsace et la quiche lorraine.

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commentaires

P
Et les nouilles? ;o)
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