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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 22:03

 

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 14:14

 

« Tu comprends ma fille, ils ont tout détruit, tout, nos auteurs, nos comptines, le plaisir de dire – donc celui de penser. Ça ne les servait pas : quelqu’un qui pense voit tout de suite que ça ne fonctionne pas.

— Comment s’y sont-ils pris ?

— Ils sont allés dans le sens de la facilité, ils ont flatté nos instincts au détriment de nos désirs.

— Comment s’y sont-ils pris ?

— Le langage, ma fille, le langage ! Ils l’ont dénigré, ils l’ont appauvri, traîné dans la boue, privé de ses nuances, de sa substantifique moelle. Le reste a suivi, naturellement…

— Comment s’y sont-ils pris ?

— Bon ça suffit maintenant, tu vas me faire louper X Factor. »

 


 

N.D.L.A. Petit billet largement et librement inspiré par l'article Grammaire amère, de Fanny Capel (in Télérama n°3198) et la discussion eue quelques minutes après avec Kashima. 

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 13:10

 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 22:17

 

Chez sa grand-mère, au fond du pré se trouvait un petit rehaussement de terrain avant d’accéder à la route. Bien sûr, Nicole allait déjà à l’école, bien sûr elle savait qu’il existait des montagnes, des vallées, des précipices avec des ogres – elle voyait les collines, partout, mais c’était ce petit rehaussement qui la tracassait : il invalidait les cartes qui prétendaient la Terre ronde.

 

C’est donc les yeux rivés sur la butte qu’elle fit connaissance avec le doute.

 

 

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 21:29

 

Ça ma fille c’est une longue histoire à l’origine – on me la racontait lorsque j’étais petite je crois. Tu sais que j’ai été petite ? Attend, je vais essayer de m’en souvenir, de te la résumer…

 

Ça se passe… ça se passe en des temps immémoriaux, tu vois, aux temps de Peau d’âne, des gens comme ça, aux temps où les choses sont plus claires et les forêts plus sombres. L’histoire se déroule justement dans la Noire, là-bas, ou aux confins des Sudètes ou des Carpates, je suis nulle en géographie et le lieu est finalement secondaire – c’est juste un royaume comme ceux de tes livres.

 

Dans le château habite une princesse, très belle bien sûr, et qui dans peu de temps va se marier. Dans la ville résident deux tailleurs, aussi immensément laids que la princesse est belle. Je ne te fais pas de dessin, hein ? Ils ont du talent, mais ils ont tous deux une bosse, une horrible bosse dans le dos, une qui les courbe et les empêche de voir la cime des arbres.

 

Le roi va les visiter : « Holà bonnes gens, je marie ma fille très bientôt et veux pour elle la plus belle robe. Celui de vous deux qui la taillera pourra tout me demander. »

 

Les deux artisans se mettent au travail, rivalisant d’imagination, d’adresse, d’audace, panachant les plus beaux tissus, multipliant les broderies, incrustant les pierres les plus précieuses, si bien qu’au jour J et à l’heure H, non seulement les deux parures sont prêtes mais le roi ne parvient pas à les départager. Il décide alors de récompenser les deux tailleurs de même manière.

 

« Toi, dit-il au premier, que veux-tu en échange du joyau dont tu vas vêtir ma fille ? Veux-tu que je te couvre d’or ?

Que nenni, Majesté, je ne veux pas de richesse, je voudrais… Je voudrais simplement que vous me débarrassiez de cette bosse disgracieuse. 

Je vais en aviser la fée, répondit le roi, ton vœu sera exaucé. Et toi, s’adresse-t-il au second, que désires-tu donc ?

Chafouin, le deuxième tailleur répond :

« Eh bien, Majesté… Je voudrais ce que mon confrère n’a pas voulu. »

 

Et il repart avec deux bosses.

 

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 15:58

 

A vingt ans l’ombre de Pedro est celle d’une fille

A trente ans Pedro dit « bas les masques je m’appelle Petra »

A quarante ans quelqu’un lui dit « Petra

ton ombre me rappelle Pedro »

A cinquante ans Petra en pleure encore

quand à la corde se balance l’ombre de son corps.

 


 

N.D.L.A. Tiens, à propos, un bouquin à lire pour se coucher un peu moins bête : Devenir celle que je suis, de mon amie Delphine Philbert.

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 16:35

 

Ah oui, vous ne connaissez peut-être pas. Valérie découvre un peu aussi, elle ne connaissait que son nom, Catulle, un poète, un latin, un vrai – pas un de cuisine.

 

Difficile est longum subito deponere amorem
Difficile est, verum hoc qualibet efficias (*)

 

Et tout à coup rien n’est plus simple, rien n’est plus juste. L’impossibilité de nouvel amour rend fidèle en désespoir.

 

 

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(*) « Il est difficile de mettre fin à une histoire d’amour qui dure depuis longtemps.
C’est difficile, il est vrai, quoi que tu fasses. »


 



N.D.L.A. Plus sur Catulle ? Ici...


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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 15:26

 

Hypovigilance

 

 

« Hypovigilance »… La caissière tombe nez-à-nez avec la banderole, elle ouvre des yeux ronds, elle est hilare, elle se voit déjà expliquer l’hypovigilance à la clientèle, lui dire que oui, c’est un bon truc pour ne pas s’endormir, ça, compter les hippopotames sur l’autoroute, que quand on en a marre on peut passer aux crocodiles – les réseaux pensent à tout pour le confort des usagers.

 

Rentrée chez elle elle cherche « hypovigilance » et voit que le terme existe – même le correcteur d’orthographe ne clignote pas. Elle vient de se faire coller une raclée par les Ponts-et-Chaussées et se dit que tout de même, c’est triste de vieillir.

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 16:30

 

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Ah oui, je me souviens. C’était le début des années 1980, le tout début – nous venions juste d’avoir notre dix mai, le printemps était beau, tout souriait. Je trainais un peu dans Nantes, à l’époque, j’allais picorer aux Beaux-Arts, je marchais dans les rues, je buvais du thé aux terrasses – des alcools, aussi, hélas. Au carrefour le tabac-presse, les copines achetaient Elle ou L’Huma (ce n’est pas incompatible), j’attendais Le Fou parle, « revue d’art et d’humeur », iconoclaste et poétique.


Drôle d’aventure, Le Fou parle. La revue était apparue quelques années plus tôt, en 1977, des désirs de Jacques Vallet et de Roland Topor, ou plutôt non, des désirs de tous en fait, des désirs du temps. Un projet comme on savait les faire à l’époque, la parenthèse dorée ne s’était pas encore refermée, l’air était tout à la fois chargé et léger d’alternatif, de non-dirigiste, de communautaire, d’autogéré. Les choses ne se faisaient pas pour le fric – ce qui soyons honnête ne les empêchait pas nécessairement de se défaire pour lui.

 

« Georgette tu es anxieuse », écrivait André Ruellan. Combien de fois la phrase a retenti depuis, à tous propos, combien d’items, combien d’articles, combien de dossiers, combien de dessins ou de gravures me reviennent encore en mémoire, boomerang du fond des âges, madeleine juteuse, soif d'avoir soif. En allongeant le bras je peux palper le ciel de ces mots-là, yeux écarquillés, cœur émerveillé, un autre monde à chaque page, un univers qui se construit, petit à petit, c’était l’âge des absolus et celui des possibles – on allait le faire ce p….n d’univers littéraire, ce truc débordant de mots, d’images, de différences, d’égalité, d’amour.

Et puis non. Allez savoir ce qu’il s’est passé, la vie a sombré, en 1984 le Fou s’est tu. Parce que tout a de nouveau basculé, parce que l’économie allait nous faire payer au centuple l’espace que nous avions réussi à lui dérober – nous allions apprendre de force que les gentils ne gagnent pas les guerres. Avec le Fou se sont amuïs les premiers pans de notre jeunesse, la parenthèse s’est refermée. Restent ici ou là quelques traces de cette Atlantide, je remercie d'une part le blog de monsieur Deloin et d'autre part les Editions Hermaphrodite de nous permettre d'alimenter encore un peu ces quelques voyages dans notre propre existence.

Sinon nous finirions par croire que nous l'avons rêvée.

 

 


 

N.D.L.A. Ça ne vous aura pas échappé, sagaces et fouineurs(-euses) comme vous l’êtes : j’ai déjà publié ce billetounet sur le site Edencash, où il campe toujours enroulé dans quelques couvertures d’époque, et accompagné d’une petite entrevue filmée avec Jacques Vallet.

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 15:08

 

Et alleeeeeeeeeez… Si mamie Nicole commence à faire la critique de cinoche, on n’est pas sorti(e) de l’auberge, mais bon…

 

J’ai vu La Comtesse, hier soir. Pas celle des chaussettes, non, celle-là est archiduchesse, mais la Comtesse Báthory, vous savez, là, cette noble dame d’Europe centrale qui, à l’orée du XVIIe siècle, partit en quête de « sa pierre philosophale », son désir fou d’éternelle jeunesse, et fit à cet escient vider de leur sang toutes les vierges de la contrée. Mazette. Wikimachin nous dit que nenni, nulle fiction, Elizabeth Báthory a bien existé et que « sa vie son œuvre », si vous me passez l’expression, se sont bien peu ou prou déroulées telles que le film nous les conte mais nous savons tou(te)s – et cela nous est d’ailleurs rappelé tant en prologue qu’en épilogue – que « L’Histoire est une fable fabriquée par les vainqueurs ».

 

Quoi qu’il en soit, il est difficile de ne pas rapprocher le parcours d’Elisabeth Báthory de celui de Gilles de Retz (ou de Rais, chipotez pas, c’est le même) tant les tenants et aboutissants semblent similaires. Des dettes à foison, une obsession qui les ronge (le coup du plomb et de l’or pour l’un, la « jouvencitude » pour l’autre), des bons conseilleurs et fournisseurs qui s’en mettent plein les fouilles au passage et hop, la barbarie, la barbarie encouragée, la barbarie que la réputation enflera dès que le vent changera de côté – vous savez comment est l’être humain, après les guerres il n’y a que des résistants.

 

Bref, je ne vais pas faire appel, c’est trop tard, Elisabeth est morte depuis belle lurette et puis oui, même si elle fut prise dans un engrenage elle est coupable, bien sûr. Julie Delpy, réalisatrice et magnifique interprète du rôle-titre nous sert là un film très réussi, je trouve, « tant techniquement qu’émotionnellement » (pffffff… Quand ils disent une phrase comme ça sur Télérama ça fait pro, quand moi je la dis ça fait pétasse, j’en ai marre), en tout cas un film tout en nuance, soulignant bien le fait que les vérités ne sont jamais constituées de bois brut.

 

Voilà voilà voilà.

 

 

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  • Nicole Garreau
  • Fille éperdue.
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